Chaussures de rando
ou chaussures de trail?Jusqu’au début des années 2000, une chaussure de marche ne pouvait être que d’un seul type: montante, rigide à quelques nuances près, avec membrane Gore-Tex (GTX) et qu’on serrait au maximum pour « protéger » ses chevilles. Les choses ont évolué, comme pour tout le reste, et les randonneurs(euses) se sont progressivement tourné(e)s vers des chaussures à tige basse, plus légères. Aujourd’hui nombreux(euses) sont celles et ceux qui sortent même en montagne avec des chaussures de trail running. Très proches des chaussure de jogging classiques, ces modèles très souples, beaucoup plus respirants que les chaussures de rando et surtout encore plus légers sont simplement renforcés sur les zones qui travaillent le plus et équipés d’une semelle extérieure suffisamment dessinée pour offrir une accroche correcte en milieu naturel et sur terrain technique. Certain(e)s ne jurent plus que par la chaussure de trail, d’autres restent fidèles à la chaussure de rando « à l’ancienne »…
Que choisir quand on prépare le PCT?
Sur la plupart des blogs ou sites web consacrés au PCT (et aux longs trails en général) on peut lire qu’il faut absolument partir en chaussures de trail, légèreté oblige. C’est la solution pour laquelle j’ai opté, et je pense que c’est celle retenue par au moins 90 % des marcheurs(euses) sur le PCT.
Mais ça ne veut pas dire que ce sera bien pour vous!
Avec le sac à dos, la chaussure est LE grand élément dans tout votre équipement pour lequel l’expérience des uns n’est pas forcément transposable aux autres, et il vous faudra essayer autant de modèles que nécessaire avant de partir pour vous faire VOTRE idée sur la question. Et essayer veut aussi dire tester! Une fois la paire idéale sélectionnée en magasin, en prenant votre temps et avec l’aide d’un(e) vendeur(euse) compétent(e), il sera indispensable de valider votre choix sur le terrain, sur des sorties longues, avec votre sac chargé comme si vous étiez sur le PCT (matériel, eau et nourriture!) Une chaussure ne se comporte pas du tout de la même manière sans charge sur un sol plat et sur le terrain avec un sac de 12 kilos.
Sur le trail vos pieds seront ce que vous avez de plus précieux.
Il est donc absolument indispensable de consacrer le temps nécessaire au choix de la bonne paire de chaussures. Tige haute, tige basse, souple ou rigide, à vous de déterminer ce qui convient à VOTRE pied pour VOTRE style de marche. Si l’écrasante majorité des thru-hikers utilise des chaussures de trail, j’ai aussi vu des gens marcher le PCT avec des grosses Meindl à l’ancienne, en cuir, tige haute avec un gros pare-pierre, en dépit de tous les conseils qu’on peut lire sur les blogs, et pour qui ça fonctionnait très bien…
Voici quand même quelques éléments à prendre en compte pour ceux et celles d’entre vous qui n’ont pas l’habitude des thru-hikes.
- Marcher 8 à 12 heures par jour pendant 4 à 6 mois, ce n’est pas la même chose que faire des sorties à la journée, même longues et difficiles. Chaque mouvement va être répété d’une manière inhabituelle pour le corps et, avec chaque mouvement, les impacts et les frottements. La chaussure qui fonctionne pour vous sur des sorties en montagne à la journée ou au weekend, courtes et intenses, ou sur des trails courts comme le GR20 par exemple, peut ne pas être adaptée pour un périple de plusieurs mois, plus facile techniquement et moins explosif mais où tout se joue sur la durée.
- Sur un thru-hike, la légèreté fait la différence. Chaque gramme compte, et les chaussures ne font pas exception. L’avantage évident des chaussures de trail est leur légèreté. L’Asolo Stynger GTX (à gauche) par exemple, une chaussure de rando à l’ancienne avec laquelle j’ai marché des années et qui est à ce jour la meilleure chaussure que j’aie eue, pèse environ 1.200g la paire selon la pointure (ce qui est encore plutôt léger pour une chaussure montante). En comparaison, une paire de Saucony Xodus ISO 2 (à droite), avec laquelle j’ai marché une bonne partie du PCT, pèse 720g la paire en 43, et on trouve encore plus léger. Tout est dit…
- Autre avantage des chaussures de trail: leur respirabilité. Vraiment ce ne sont ni plus ni moins que de classiques chaussures de jogging (un peu plus lourdes quand même) dont la partie supérieure est faite de filet, ce qui assure au pied une ventilation idéale. Cet élément est très important. Il peut paraître secondaire sur une sortie journée à l’issue de laquelle vous pourrez prendre une douche, laver et sécher vos pieds, sécher vos chaussures et mettre vos chaussettes dans le panier de linge sale.
Mais sur le trail vous ne pourrez pas faire ça.
Si vos pieds macèrent pendant une journée dans de la membrane GTX ce n’est pas très grave, mais au bout de plusieurs jours votre peau va se détériorer, vos ongles se ramollir, vous aurez des champignons. Autant de raisons d’éviter le GTX sur un thru-hike. C’est une membrane respirante certes, mais pas suffisamment pour le long terme. Sur les passages de rivière à gué notamment, à partir du moment où vous aurez de l’eau à mi-mollet, l’intérieur de votre chaussure sera mouillé quoi qu’il en soit. Et là où une membrane GTX mettra plusieurs heures à évacuer l’humidité, vos chaussures de trail en filet sécheront en quelques dizaines de minutes (et vos pieds avec). - On est largement revenu du mythe de la chaussure montante supposée protéger la cheville contre les entorses en cas de faux pas ou si une pierre se dérobe sous le pied. Beaucoup de professionnels du sport pensent au contraire qu’il est préférable de porter des chaussures basses pour muscler la cheville et privilégier la proprioception. On peut même considérer que sur un faux pas important, si la chaussure maintient la cheville de manière parfaitement rigide, c’est l’articulation suivante qui va devoir encaisser le déséquilibre soudain. Et l’articulation suivante c’est le genou…
A ce sujet vous pouvez lire cet article court et très intéressant.
Reste la protection de la malléole contre les chocs, quand on vient à buter du côté sur une pierre qui se trouvait là. On l’a tous vécu, et on sait la petite douleur aigüe et vexante que ça provoque. Contre ça effectivement il n’y a que les chaussures montantes… ou la maîtrise de soi. - Inconvénient évident de la chaussure de trail: elle est très fragile. Comptez cinq paires sur le PCT, peut-être quatre si vous acceptez de marcher un certain temps dans des chaussures déchirées et à la semelle plate (mais je ne vous le conseille pas, c’est très mauvais pour l’ensemble du corps), peut-être six si vous voulez toujours avoir des chaussures au top de leur amorti et que votre budget vous le permet.
- Votre pied va très probablement changer de forme au cours du trail, à priori pour s’aplatir et s’élargir. En cours de journée le pied gonfle et on recommande souvent de prendre les chaussures de marche une, voire deux pointures au-dessus de celle des chaussures de ville. Mais il est possible qu’au fur et à mesure que vous avancerez dans le trail il vous faille prendre encore plus grand… écoutez ce que vous disent vos pieds!