Le PCT est-il fait pour vous?

Êtes-vous fait(e) pour le PCT?

Le PCT est un sentier assez facile à marcher. A part quelques passages dans la Haute Sierra, certains cols et certains gués dont la dangerosité est clairement indiquée et mesurée, le chemin ne présente aucune difficulté technique, et il a la particularité d’être quasi continu : c’est une bande de sable qu’on suit du Mexique jusqu’au Canada. A part en cas de neige qui brouille tous les repères, il est très difficile de se perdre sur ce genre de terrain. Techniquement et physiquement donc, tout le monde peut s’attaquer à ce thru-hike à condition d’en avoir le temps, l’envie et les moyens financiers. J’ai vu des gens de tous les âges sur le sentier, y compris de jeunes enfants, et des gens de toutes les constitutions physiques, y compris des gens en forte surcharge pondérale. Mais tout ne se résume pas à la faisabilité technique.
Alors… le PCT est-il fait pour vous (et vice-versa)?

La réponse à la question dépend surtout de ce que vous recherchez:

Le PCT est fait pour vous, et à priori vous n’avez pas besoin de mes modestes conseils.

Il y a fort à parier que le PCT va fonctionner pour vous !
Veillez à vous préparer correctement et à bien choisir les gens avec qui vous partez - la vie sur le trail est intense et peut mettre les amitiés à rude épreuve - et tout se passera bien ! Au pire si ça ne fonctionne pas avec votre groupe vous pourrez vous séparer en chemin, marcher seule(e) un moment, vous greffer sur un autre groupe, rencontrer des gens nouveaux, quitte à ce que ce soit pour mieux retrouver vos amis ensuite.

Le PCT peut vous offrir tout ça, mais attention: le thru-hike northbound est une transhumance, il y a beaucoup de monde sur le sentier, et très souvent vous serez amené(e) à interagir avec des individus ou des groupes qui ne sont pas forcément dans le même état d’esprit que vous. Les weekends vous partagerez le sentier avec les locaux qui viennent se détendre. Aux Etats-Unis cela signifie que vous entendrez des motos cross, des quads et des buggys, et que vous croiserez des gens qui sont venus utiliser leurs armes à feu dans la forêt. A part dans la Haute Sierra, il faut vous attendre à ça tous les weekends.

Si vous recherchez la solitude à tout prix, peut-être envisagerez-vous de marcher le PCT southbound!

Attention, le PCT est un LONG chemin. Si beaux qu’ils soient, les paysages deviennent vite assez répétitifs et il faut prévoir que la monotonie va s’installer et influer sur votre moral. Les écosystèmes sont très variés d’une section à l’autre, et c’est probablement ce qui fait l’originalité du PCT, mais parfois le manque de beauté formelle des paysages traversés peut être frustrant.
  • Le désert est probablement la partie la plus exotique et la plus charmante pour les Européens. Mais attention à la vision romantique qu’on attache à ce terme. Il s’agit en fait d’une région qui a un climat désertique (pour les plus pointilleux, elle répond à la définition de "désert d'abri de basse altitude"). En pratique il y a des plantes, des animaux, de l’eau, et même des fleurs (magnifiques d’ailleurs). Donc ne vous attendez pas aux dunes du Sahara!
  • Si vous êtes adeptes de forêts majestueuses, il est possible que vous soyez mieux servi(e) ailleurs dans le monde. Les sols sont fragiles et très instables dans ces régions, et beaucoup des forêts que traverse le PCT ressemblent en fait à de gigantesques jeux de mikado, c’est un peu déstabilisant. Les forêts les plus belles se trouvent sans aucun doute possible dans l’Etat de Washington, entre Chinook Pass et le Canada. Elles sont d’une incroyable beauté. Peut-être voudrez-vous envisager de ne marcher que cette section, pour être dans le type d’environnement qui vous inspire le plus?
  • Si vous aimez les purs paysages alpins, vous risquez de revenir carrément frustré(e). La seule partie vraiment alpine du PCT est la Haute Sierra, qui se franchit en 15 jours environ. Vous retrouverez un peu de gaz en fin de périple, dans l’Etat de Washington, mais sur le temps de marche total vous évoluerez quand même assez peu dans le type de paysages auquel vous ont habitué les Alpes ou les Pyrénées si c’est là votre terrain de jeu habituel. Là encore, peut-être qu’il vaut mieux considérer un section-hike, et ne faire que le John Muir Trail (JMT)? C’est un sentier de "seulement" 250 miles qui part de Yosemite Village (dans la mythique Yosemite Valley, qui a malheureusement brûlé à l’été 2018) et qui se termine au sommet de Mount Whitney. De Tuolumne Meadows jusqu’à Mount Whitney le PCT suit le JMT, c’est donc exactement le même sentier. C’est un parcours purement alpin, à la beauté surnaturelle, et en format américain…
  • Enfin gardez en tête que le feu a fait des ravages considérables ces dernières années et que très souvent il vous faudra marcher dans des forêts totalement dévastées, notamment en Oregon.

Oubliez le PCT! C’est un chemin sauvage, certes très bien marqué et plutôt bien balisé mais sans aucune infrastructure. En dehors des ravitaillements dans les petites villes locales et des interactions que vous pourrez avoir avec les autres marcheurs, vous serez loin de la "civilisation". Pas de refuges, pas de gîtes, pas de chambres d’hôtes, pas d’hôtels, pas de restaurants. Il vous faudra porter autant (ou aussi peu) que vous jugez nécessaire pour votre confort, tous les jours pendant 5 mois.
Si vous avez déjà marché Compostelle et que vous voulez vraiment goûter au PCT, peut-être que vous pourriez envisager un road trip dans la zone, en faisant de belles balades à la journée, et peut-être même avec une ou deux nuits en tente par-ci par-là? Le PCT est facilement accessible en voiture via les trailheads - départs de sentier - sur tout son parcours (exception faite de la Haute Sierra). A vous de choisir la section qui vous attire le plus et de combiner vos sorties journée avec votre road trip!

Pour voir à quoi le PCT peut ressembler les jours de galère, je vous invite à lire cet article (en anglais uniquement) qui donne de la vie sur le trail une image un peu moins glamour que celle qu’on peut parfois se faire depuis chez soi, à des milliers de kilomètres de la Californie, quand on n’a jamais fait de thru-hike. L’idée n’est évidemment pas de vous faire peur et de vous dégoûter à vie du PCT, mais simplement de vous montrer l’une des facettes, peu médiatisée mais pourtant bien réelle, de ce genre d’aventure.

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