Outils de navigation...
Cartes papier vs. applisLe PCT est un itinéraire assez particulier du point de vue de la navigation, dans le sens où il est très facilement repérable au sol (c’est littéralement une bande de sable qu’on suit sur 2.600 miles, à quelques exceptions près) et plutôt bien fléché. L’écrasante majorité des thru-hikers marchant NOBO (Northbound, c’est à dire du sud vers le nord) et la fenêtre temporelle étant la même pour tout le monde, cette randonnée a des airs de gigantesque transhumance, un peu à l’instar des pèlerinages comme St. Jacques de Compostelle.
La conjonction de ces deux facteurs donne l’impression sécurisante de ne jamais être seul et de ne pas pouvoir se perdre vraiment. Pour la plupart des marcheur(euse)s, la seule préoccupation en termes de navigation consiste donc à savoir, non pas si on est sur le chemin ou non, mais où on se trouve sur le chemin. C’est un type d’orientation linéaire, qui vise principalement à anticiper la prochaine halte, le prochain ravitaillement en eau ou en nourriture et le prochain point de campement.
Cette approche est valable tant qu’on ne commet pas d’erreur d’inattention grossière et que les conditions climatiques sont bonnes (on verra que la neige peut complètement changer la donne). Mais même dans ce cas, il faut un moyen de se repérer.
Sur le PCT il y a deux grandes options pour cela: les bonnes vieilles cartes papier et des applis pour smartphones développées par différents éditeurs à l’attention des randonneur(euse)s. On pourrait aussi penser aux GPS de rando, mais je n’ai vu personne en utiliser. Je pense que le poids de ces appareils et la faible autonomie de leurs batteries les disqualifie sur ce genre d’aventure. Je n’en parlerai donc pas ici.
Restent les applis et les cartes papier, dont je vous présente ici les avantages et les inconvénients, en conditions normales et en conditions dégradées.
Guthook's Pacific Crest Trail
AtlasGuides – 25€
Halfmile's PCT (plus disponible)
David Lippke (le Halfmile des cartes papier National Geographic!) – Gratuit
David Lippke (le Halfmile des cartes papier!) – Gratuit
Cette appli n’est plus disponible depuis le 15 mars 2019. Elle restera active sur les smartphones sur lesquels elle était déjà installée avant cette date, mais ne sera pas mise à jour. Voir l’article ici
Pacific Crest Trail
HikerBot – Gratuit
Une appli nouvelle mais qui monte, et qui aurait été utilisée par environ 10% des randonneur(euse)s en 2018. De type collaboratif, le contenu est basé sur les contributions des utilisateurs, donc plus il y aura d’utilisateurs plus l’outil sera complet. Les cartes sont de bien meilleure qualité que celles utilisées par les applis concurrentes, et le type de waypoints qu’on peut entrer est beaucoup plus vaste. Je ne l’ai pas utilisée moi-même mais j’ai rencontré sur le tard des gens qui l’avaient installée, et ce que j’ai pu en voir était assez convaincant.
Les cartes papier
- Que le téléphone sera toujours chargé au moment où on en a besoin et ne tombera jamais en panne. On peut s’en assurer en transportant une batterie externe et en protégeant son téléphone de manière adéquate – même si dans l’absolu je pense qu’on n’est jamais totalement à l’abri d’une panne de smartphone, surtout dans un environnement comme celui du PCT où l’appareil va tour à tour essuyer grande chaleur, grand froid, poussière, humidité etc.
- Que le chemin sera toujours visible, c’est à dire pas couvert d’une pellicule de neige, même très fine. Sur un périple de plus de 4.000km qui dure entre 4 et 5 mois, les conditions peuvent se dégrader à tout moment, et quelques centimètres de neige suffisent à cacher le chemin et à rendre parfaitement uniforme un paysage qui était lisible quelques heures avant. En 2018 quand j’ai marché le PCT je n’ai pas rencontré cette situation, et je n’ai traversé des zones enneigées que dans la Haute Sierra, sur les passages de cols. Mais en 2017 la neige était omniprésente, et c’était encore le cas en 2019 où beaucoup de thru-hikers on décidé à contrecœur de contourner la Sierra, et où il a neigé sur l’Oregon en plein mois de juillet!
- En cas d’avarie du smartphone la situation n’est pas désespérée, car il « suffit » de suivre le chemin jusqu’au prochain bivouac. On y trouvera certainement des gens avec qui faire équipe jusqu’à la prochaine ville, où on pourra tranquillement régler son problème de téléphone. Cette situation n’est pas très confortable mais elle se gère.
- En cas de neige, il faudra naviguer à la carte et à la boussole en se repérant à tous les éléments que l’environnement présente. Les cartes embarquées dans les applis ne sont pas suffisamment précises pour s’orienter de cette manière, et il vaudra mieux avoir des cartes papier. Face à cette éventualité, certain(e)s marcheur(euse)s décident de s’envoyer des cartes uniquement pour les deux sections où le risque de neige est le plus fort: la Sierra et Washington. Mais attention: dans le cas où les conditions l’imposeraient, il ne suffira pas d’avoir sa carte et sa boussole, mais il faudra aussi être capable de s’en servir, donc s’être formé et avoir une expérience de l’orientation/navigation aussi solide que possible…
- En cas de neige, si on est seul(e) sans carte papier et que le téléphone vient à faire défaut… on est en danger. Une solide expérience de la vie au grand air est alors nécessaire pour garder son sang-froid et prendre les bonnes décisions pour retrouver rapidement soit un groupe de gens sur lequel se greffer, soit une ville.