Outils de navigation...

Cartes papier vs. applis

Le PCT est un itinéraire assez particulier du point de vue de la navigation, dans le sens où il est très facilement repérable au sol (c’est littéralement une bande de sable qu’on suit sur 2.600 miles, à quelques exceptions près) et plutôt bien fléché. L’écrasante majorité des thru-hikers marchant NOBO (Northbound, c’est à dire du sud vers le nord) et la fenêtre temporelle étant la même pour tout le monde, cette randonnée a des airs de gigantesque transhumance, un peu à l’instar des pèlerinages comme St. Jacques de Compostelle.

La conjonction de ces deux facteurs donne l’impression sécurisante de ne jamais être seul et de ne pas pouvoir se perdre vraiment. Pour la plupart des marcheur(euse)s, la seule préoccupation en termes de navigation consiste donc à savoir, non pas si on est sur le chemin ou non, mais où on se trouve sur le chemin. C’est un type d’orientation linéaire, qui vise principalement à anticiper la prochaine halte, le prochain ravitaillement en eau ou en nourriture et le prochain point de campement.

Cette approche est valable tant qu’on ne commet pas d’erreur d’inattention grossière et que les conditions climatiques sont bonnes (on verra que la neige peut complètement changer la donne). Mais même dans ce cas, il faut un moyen de se repérer.

Sur le PCT il y a deux grandes options pour cela: les bonnes vieilles cartes papier et des applis pour smartphones développées par différents éditeurs à l’attention des randonneur(euse)s. On pourrait aussi penser aux GPS de rando, mais je n’ai vu personne en utiliser. Je pense que le poids de ces appareils et la faible autonomie de leurs batteries les disqualifie sur ce genre d’aventure. Je n’en parlerai donc pas ici.
Restent les applis et les cartes papier, dont je vous présente ici les avantages et les inconvénients, en conditions normales et en conditions dégradées.

Guthook's Pacific Crest Trail

AtlasGuides – 25€

Appli de référence, elle est utilisée par l’immense majorité des marcheur(euse)s du PCT. Carte lisible téléchargeable pour une visualisation hors ligne, profil de pente, indication claire de la distance aux points d’eau et aux bivouacs connus, localisation des villes de ravitaillement avec description des commerces qu’on y trouve, possibilité pour les usagers de mettre leurs commentaires… il y a là tout ce qu’il faut pour se repérer sur le PCT et naviguer sereinement d’une étape à l’autre. Un incontournable si on a choisi de partir sans carte papier. Les indécis (dont je faisais partie) pourront tester l’appli gratuitement sur le premier tronçon, de Campo à Julian.
Pour information, AtlasGuides propose des guides pour plusieurs autres grands trails mythiques, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde.

Halfmile's PCT (plus disponible)

David Lippke (le Halfmile des cartes papier National Geographic!) – Gratuit

David Lippke (le Halfmile des cartes papier!) – Gratuit

Cette appli n’est plus disponible depuis le 15 mars 2019. Elle restera active sur les smartphones sur lesquels elle était déjà installée avant cette date, mais ne sera pas mise à jour. Voir l’article ici
Une appli beaucoup moins complète que Guthook’s, mais dont la localisation GPS est (était!) beaucoup plus rapide si on a besoin de se repérer en urgence. Il y a aussi une fonction de guidage « back to trail » intéressante si on est vraiment perdu(e) mais attention: cette fonction propose un parcours à vol d’oiseau pour rejoindre le chemin, sans tenir compte des éventuels obstacles que pourrait présenter le terrain (rivières, ravins, barres rocheuses…)

Pacific Crest Trail

HikerBot – Gratuit

Une appli nouvelle mais qui monte, et qui aurait été utilisée par environ 10% des randonneur(euse)s en 2018. De type collaboratif, le contenu est basé sur les contributions des utilisateurs, donc plus il y aura d’utilisateurs plus l’outil sera complet. Les cartes sont de bien meilleure qualité que celles utilisées par les applis concurrentes, et le type de waypoints qu’on peut entrer est beaucoup plus vaste. Je ne l’ai pas utilisée moi-même mais j’ai rencontré sur le tard des gens qui l’avaient installée, et ce que j’ai pu en voir était assez convaincant.

Les cartes papier

Après avoir proposé pendant des années un excellent ensemble de cartes gratuites à télécharger au format pdf et à imprimer chez soi, David « Halfmile » Lippke vient de réaliser un énorme travail en collaboration avec National Geographic, qui a débouché sur l’édition de 11 cartes couvrant l’intégralité du PCT sous forme de livrets résistants à l’eau et à l’abrasion. Chaque livret coûte entre 14 et 25$, et le pack PCT complet acheté en une seule fois coûte 125$.
L’ensemble est évidemment lourd et volumineux, et transporter tous les livrets n’aurait aucun sens, mais une option possible est de n’en porter qu’un et de s’envoyer les autres au fil du chemin. Évidemment ça fait de la logistique, et la solution concurrente c’est les applis, qui ne pèsent rien, qui sont moins chères et qui ne nécessitent pas tous ces envois en poste restante…
Alors faut-il emporter des cartes papier sur le PCT ou pas?
La question est délicate et elle n’appelle pas de réponse unique ni définitive…
 
On a vu en introduction de cette page ce qui fait du PCT un chemin très particulier en termes de navigation. Dans de bonnes conditions climatiques, il parait raisonnable de penser que les cartes papier ne sont pas indispensables et que les applis qui se basent sur un signal GPS sont suffisantes pour s’orienter et repérer les points de bivouac et de ravitaillement (eau et nourriture). Mais ce raisonnement s’appuie sur deux hypothèses:
  1. Que le téléphone sera toujours chargé au moment où on en a besoin et ne tombera jamais en panne. On peut s’en assurer en transportant une batterie externe et en protégeant son téléphone de manière adéquate – même si dans l’absolu je pense qu’on n’est jamais totalement à l’abri d’une panne de smartphone, surtout dans un environnement comme celui du PCT où l’appareil va tour à tour essuyer grande chaleur, grand froid, poussière, humidité etc.
  2. Que le chemin sera toujours visible, c’est à dire pas couvert d’une pellicule de neige, même très fine. Sur un périple de plus de 4.000km qui dure entre 4 et 5 mois, les conditions peuvent se dégrader à tout moment, et quelques centimètres de neige suffisent à cacher le chemin et à rendre parfaitement uniforme un paysage qui était lisible quelques heures avant. En 2018 quand j’ai marché le PCT je n’ai pas rencontré cette situation, et je n’ai traversé des zones enneigées que dans la Haute Sierra, sur les passages de cols. Mais en 2017 la neige était omniprésente, et c’était encore le cas en 2019 où beaucoup de thru-hikers on décidé à contrecœur de contourner la Sierra, et où il a neigé sur l’Oregon en plein mois de juillet!
Quel est le risque encouru au cas où l’une des deux hypothèses ne se vérifierait pas?
  1. En cas d’avarie du smartphone la situation n’est pas désespérée, car il « suffit » de suivre le chemin jusqu’au prochain bivouac. On y trouvera certainement des gens avec qui faire équipe jusqu’à la prochaine ville, où on pourra tranquillement régler son problème de téléphone. Cette situation n’est pas très confortable mais elle se gère.
  2. En cas de neige, il faudra naviguer à la carte et à la boussole en se repérant à tous les éléments que l’environnement présente. Les cartes embarquées dans les applis ne sont pas suffisamment précises pour s’orienter de cette manière, et il vaudra mieux avoir des cartes papier. Face à cette éventualité, certain(e)s marcheur(euse)s décident de s’envoyer des cartes uniquement pour les deux sections où le risque de neige est le plus fort: la Sierra et Washington. Mais attention: dans le cas où les conditions l’imposeraient, il ne suffira pas d’avoir sa carte et sa boussole, mais il faudra aussi être capable de s’en servir, donc s’être formé et avoir une expérience de l’orientation/navigation aussi solide que possible…
  3. En cas de neige, si on est seul(e) sans carte papier et que le téléphone vient à faire défaut… on est en danger. Une solide expérience de la vie au grand air est alors nécessaire pour garder son sang-froid et prendre les bonnes décisions pour retrouver rapidement soit un groupe de gens sur lequel se greffer, soit une ville.
Vous l’aurez compris: je ne peux pas trancher pour vous. Il y a là une décision à prendre, qui dépend en grande partie de votre appétence au risque, de la confiance que vous avez dans votre matériel électronique et de votre expérience de l’orientation en milieu naturel. Je ne peux clairement pas vous dire de partir 5 mois dans la montagne et dans la forêt sans carte, ce serait un très mauvais conseil.
En revanche je peux vous dire ce que j’ai fait: je suis parti de Campo avec des cartes papier (les cartes gratuites de Halfmile à l’époque, imprimées en format A4), mais à l’usage je me suis rendu compte que ce n’était pas du tout pratique. A partir de Warner Springs j’ai donc décidé, comme l’immense majorité (90%?) des marcheur(euse)s que j’ai croisé(e)s sur le trail, de m’appuyer uniquement sur l’appli Guthook. Ça a très bien fonctionné pour moi. Il faut savoir que j’avais choisi de ne pas utiliser de moyen de télécommunication sur le trail, mon téléphone était donc toujours en mode avion, et que je n’écoute pas de musique quand je marche. L’utilisation de la batterie était donc minime, mon téléphone me servant uniquement pour m’orienter, écrire mon journal le soir et prendre des photos. A quelques reprises j’ai utilisé ma batterie externe, notamment dans la Sierra que j’ai franchie en une longue étape de 12 jours. Je pense que ce qui permet aussi de partir sereinement sans carte sur le PCT, c’est la fréquentation de ce trail. En cas de pépin on peut attendre sur le bord du chemin et on finira par voir quelqu’un arriver, souvent assez rapidement.
A vous de voir la méthode qui marche le mieux pour vous!
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